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Dysphagie et médicaments : un véritable enjeu de santé publique

Les plus de 65 ans représentaient, en 2016, 16 % de la population française, et près de 40 % de la consommation des soins en ville, selon la Haute Autorité de Santé (HAS). Très souvent atteints de plusieurs maladies chroniques et donc polymédiqués, les patients âgés souffrent également de handicaps fonctionnels dont la dysphagie.

Ce trouble de la déglutition concernerait 8 à 15 % des personnes hospitalisées à domicile et 30 à 50 % de celles résidant en institution (hôpital, EHPAD…) ; la dysphagie associée à des troubles du comportement, peut gêner la prise de médicaments.

Les causes sont nombreuses comme le vieillissement physiologique (bouche sèche, diminution du réflexe salivaire, faiblesse musculaire, prothèse dentaire mal adaptée, perte de goût…), les atteintes du système nerveux central après un AVC (accident vasculaire cérébral), les maladies neurodégénératives (75 à 100 % des malades de Parkinson en sont atteints), reflux gastro-œsophagien ou cancer. Un diabète, un état de déshydratation ou de malnutrition peuvent encore aggraver ce trouble. 

Les conséquences peuvent être importantes ; des fausses routes fragilisant les voies pulmonaires et pouvant être à l’origine de pneumopathies. Au final, l’administration des médicaments sous forme orale solide (comprimés, gélules, cachets) est souvent compliquée, soit parce que le patient a du mal à avaler, soit parce qu’il a peur de faire une fausse route. 

Les aidants ou professionnels de santé ont parfois recours à des stratégies de détournement, comme le broyage ou l’écrasement des comprimés. Mais ces techniques, qui ne sont pas toujours autorisées par le fabricant, sont potentiellement dangereuses. Elles présentent en effet des risques d’irritations des muqueuses buccales et gastriques, de surdosage (incertitude, voire inexactitude des doses administrées), de toxicité et de perte d’efficacité. De plus, les comprimés broyés sont parfois mélangés à la nourriture et donne un mauvais goût aux aliments, troublant ainsi l’appétit des patients âgés avec le risque d’accentuer la dénutrition.

Selon les résultats de l’étude « Ecrasement des médicaments en gériatrie : mise au point et recommandations de bonnes pratiques », publiée en 2015 dans la Revue de gériatrie, 42 % des médicaments écrasés, ne devraient pas l’être. 

En juin 2010, la HAS a considéré que la prise de médicaments chez les personnes âgées est un enjeu de santé publique et a donc publié des recommandations. Elle précise que le broyage doit être prescrit médicalement et réalisé par un infirmier diplômé d’État.

Des Observatoires régionaux sur le médicament (OMEDIT) proposent des livrets avec logos indiquant la possibilité, ou non, d’écraser des comprimés, d’ouvrir des gélules et indiquent les alternatives éventuelles.